Aujourd’hui, nous nous retrouvons dans une situation où une bonne partie de ce que nous savons et tenions pour acquis s’effrite d’une façon ou d’une autre. La pandémie mondiale actuelle amène de nombreuses personnes à réfléchir à des aspects de leur ancienne réalité qui les stimulaient, leur apportaient de la satisfaction ou donnaient un sens à leur vie. Surtout, ces temps difficiles poussent les gens à faire face à certaines angoisses et déprimes de la vie contemporaine. Cette réflexion peut mettre en lumière une grande insatisfaction et souligner l’absence de but.
La splendeur de la vie moderne
Le psychologue Mihaly Csikszentmihalyi soutient que, dans la société, nombreux sont ceux qui non seulement se sentent malheureux ou insatisfaits, mais aussi qui ont l’impression que quelque chose d’important qui les compléterait s’ils arrivaient à l’obtenir fait défaut dans leur vie. Les individus manquent de motivation et ont tendance à se lancer dans des activités par nécessité.
La volonté d’avoir un but est innée chez l’être humain. Il est absolument essentiel de s’engager dans quelque chose de stimulant et de significatif sur le plan personnel. Selon la psychologue Wendy Ulrich, les moments où les individus perçoivent un lien clair entre ce à quoi ils accordent une grande valeur et ce sur quoi ils passent leur temps sont ceux qui revêtent pour eux le plus de sens.
Et que passons-nous le plus clair de notre temps à faire? Travailler.
Une réalité commune
Prenez maintenant un moment pour considérer ce qui suit : une étude menée par l’institut Gallup en 2019 a conclu que 65 % des travailleurs aux États-Unis, tous domaines confondus, se sentaient désengagés vis-à-vis de leur travail et de leur lieu de travail. Cela signifie que seul le tiers de la population active est très impliqué et enthousiaste en ce qui concerne son travail. Fait intéressant, cette statistique révèle également que plus de cent millions d’Américains se réveillent chaque matin sans savoir de quelle façon ils contribuent à faire une différence dans le monde. C’est aussi dire que la plupart des gens passent la majeure partie de leur journée à faire quelque chose qui ne les intéresse pas.
À notre époque moderne, le concept de finalité – le fait de tendre vers un but – est étroitement lié à l’identité et à la façon dont les individus se définissent au sein de la société. Naturellement, le besoin de finalité peut être nourri dans des domaines complètement indépendants du travail. Par exemple, la parentalité ou la passion pour la musique peuvent donner énormément de sens à la vie d’une personne. Néanmoins, la plupart des gens consacrent une grande partie de leur vie contemporaine à travailler. C’est ce qui façonne leur conception du temps, de leur estime de soi et de la validation globale. Les individus aiment voir leur vie comme étant parfaitement catégorisée : « Le travail n’est pas ma vie. J’ai une vie en dehors du travail. » Mais en réalité, peu de gens parviennent à véritablement suivre ce modèle. Dans notre monde moderne, les carrières et les emplois sont si intimement liés à le concept de soi, que nous pouvons difficilement nous permettre de les percevoir comme une activité ennuyeuse à laquelle nous nous adonnons par pure nécessité. En psychologie, le concept de soi fait référence à la perception qu’a une personne de son comportement, de ses compétences et de ses caractéristiques uniques. Instinctivement, toute considération psychologique mise à part, il est évident qu’un concept de soi bien développée et engagée maximise les chances de jouir d’une bonne santé mentale dans toutes les sphères de la vie.
Le perspectivisme est dans l’air du temps
La pandémie actuelle a mis en évidence et reconnu l’importance d’un grand nombre d’emplois. Nous sommes maintenant divisés entre travailleurs essentiels et travailleurs non essentiels. Certaines personnes dont le travail ne fait pas partie du groupe actuellement essentiel peuvent douter de leur contribution à la société. Il faut toutefois comprendre qu’il n’existe pas de hiérarchie de l’importance entre les carrières, les activités et les loisirs qui donnent un but à un individu. Les gens trouvent un sens dans tout type d’emploi. Il serait naïf de supposer que les personnes qui occupent un emploi socialement valorisé (avocat, médecin) ont plus facilement accès au sentiment d’avoir un but. Comme pour tout le reste, ce sentiment s’inscrit dans un continuum qui fluctue dans le temps avec des hauts et des bas. Alors que certains se battent encore pour le trouver, d’autres se sentent comblés la plupart du temps, guidés par leur motivation intrinsèque.
Et maintenant?
Lisa Earle McLeod, une consultante en leadership dans le domaine des ventes pour des entreprises comme Apple et Pfizer, indique qu’il n’est pas nécessaire de quitter son emploi et d’aller travailler dans un organisme à but non lucratif pour trouver un sens à son travail. Au contraire, peu importe l’emploi que vous occupez, peu importe ce que vous faites, ce sentiment d’avoir un but est à votre portée.
À l’heure où le monde que nous connaissions est en train de changer et où certaines réalités du marché du travail sont ébranlées, un rapport coûts-avantages pour trouver un sens ne suffira pas. La règle générale veut que nous ne travaillerions pas si nous n’étions pas payés, mais la plupart des gens aiment penser qu’ils ne travaillent pas uniquement pour l’argent.
Si vous voulez trouver cette connexion et ce lien avec votre travail, vous devez vous poser ces 3 questions :
- Comment faites-vous une différence? Dans la vie de vos clients, de vos concitoyens, de vos collègues?
- En quoi votre approche est-elle différente?
- Lorsque tout va bien, qu’aimez-vous dans votre travail?
La vérité, c’est qu’il y aura des jours où votre travail vous apparaîtra bien trop difficile et intolérable. Dans ces moments extrêmement exigeants, aucune compensation monétaire ni promotion ne sembleront suffisantes pour vous inciter à continuer. Vous devez alors vous rappeler que vous faites une différence, que votre travail compte et qu’il a un sens.
Le flow, une expérience optimale
Le psychologue Mihaly Csikszentmihalyi, mentionné précédemment, a passé 50 ans à étudier et à mener ses recherches sur ce qu’il a appelé le « flow ». Le flow fait référence à un état d’expérience optimale où le temps semble disparaître et où la concentration est si intense que rien d’autre ne compte en dehors de la tâche à accomplir. Vous êtes si captivé par ce que vous faites que votre cerveau ne peut se concentrer sur autre chose. Bien qu’il ait commencé par des athlètes olympiques et des maîtres d’échecs, il a pu observer cet état de flow en milieu de travail. En fait, la plupart des gens croient à tort que les activités de loisir, par exemple le visionnement d’une série en rafale, procurent un plus grand sentiment de bonheur que le travail. Mihaly Csikszentmihalyi a démontré qu’il existe un paradoxe entre le travail et les loisirs : les gens atteignent un meilleur flow au travail.
Cette expérience est un art que tous peuvent apprendre à maîtriser et à maximiser dans leur vie. Au cours de ses recherches, Mihaly Csikszentmihalyi a établi que, lorsque nous nous lançons dans une activité, tout repose sur l’équilibre entre le défi et les compétences. La clé est de continuer à se mettre au défi et à s’améliorer pour éviter l’ennui et atteindre cet état d’extase profonde.
Une réflexion sur le travail
Pour conclure, il est important de se rappeler que faire un travail qui compte ne dépend pas de la valeur sociale ou de la reconnaissance associées à votre emploi. Mais surtout, le fait de ne pas éprouver le sentiment d’avoir un but ne devrait être ni négligé ni ignoré. Actuellement, la plupart d’entre nous ont le temps de remettre en question certaines perceptions et de reconnaître certaines pensées refoulées au sujet de leur travail. Cette réflexion devrait être analysée afin de vous aider à trouver le bon angle et votre finalité dans la société.
Références
Csikszentmihalyi, M. (1996). Creativity : flow and the psychology of discovery and invention (1st ed.). HarperCollinsPublishers.
Hattie, J. (2014). Self-concept. Psychology Press.
Jim Harter (2020). 4 Factors Driving Record-High Employee Engagement in U.S.Gallup
McLeod, L. E. (2012). Selling with noble purpose: How to drive revenue and do work that makes you proud. John Wiley & Sons.
Ulrich, D., & Ulrich, W. (2010). The why of work. Tata McGraw-Hill Education.
https://www.gallup.com/workplace/284180/factors-driving-record-high-employee-engagement.aspx
Laissez un commentaire